dimanche 21 février 2010

quelque part dans le grand ouest

 
© Tom-R
 
Eté 1868, quelque part dans le Grand Ouest
Il a sauté sur son cheval pour disparaître en un geste
La porte du saloon claque encore, dehors le vent fouette la poussière
Lui il galope vers son sort sans jamais regarder derrière
Est-ce qu'il cherche ou est-ce qu'il fuit, est-il sûr ou incertain
Est-ce qu'il tente de rattraper ou d'échapper à son destin
A quoi ressemble son avenir, une évidence ou un mystère
Il se fabrique un empire, il est fait d'ombre ou de lumière

De l'ombre ou de la lumière
Lequel des deux nous éclairent
Je marche vers le soleil
Dans les couleurs de l'hiver

samedi 20 février 2010

20 février

© Tom-R
   
Sur la lande sans vie
un peigne de femme
du temps des herbes folles
© Ihara Saikaku

dimanche 7 février 2010

L'arbre des pas perdus




L'arbre des pas perdus - parution février 2010 - co-écrit avec Cyril Berthault-Jacquier

Les racines de l'arbre : Ce livre est le fruit d’une rencontre entre un photographe amoureux des mots, et un écrivain passionné par la photographie.
L’aventure a commencé par une image. Des mots pour réponse. Une nouvelle image en réplique, d’autres mots et ainsi de suite jusqu’au point final du projet.
Au fil de cette correspondance, de juillet 2009 à février 2010, s’est construit une narration, dans le respect de l’univers de l’un et de l’autre; qui ne demande qu’à se poursuivre...
mots : Cyril Berthault-Jacquier
photographies : Tom Rousselon

vendredi 5 février 2010

question de style

La caractéristique principale de toutes ces parties est l'inattendu des attaques conduisant rapidement au but, attaques qui sont toujours préparées longuement avant le moment ou elles se précipitent. Dans chacune de ces parties, il y a d'abord des manoeuvres plus ou moins compliquées au centre ou à l'aile dame, manoeuvres qui ont pour but d'éloigner les pièces ennemies du point principal de la bataille. Puis soudain arrive comme un éclair le coup, généralement accompagné de sacrifices, qui ne laisse à l'adversaire aucune chance de sauver la partie.
Cette répétition d'attaques du même genre dans des parties bien différentes de caractère, est à mon avis très significative et peut servir à juger le style d'un joueur ou au moins l'évolution de son style.
Toutes les étiquettes prétentieuses que les critiques plus ou moins bien intentionnés cherchent à mettre sur ma façon de comprendre les échecs (surtout depuis qu'il m'a été donné d'obtenir quelques succès) me semblent foncièrement vides de sens.
Je tiens à déclarer une fois pour toutes que je décline l'honneur d'être un des fondateurs de l'école "néo-romantique" ou "hypermoderne".
Je cède bien volontiers l'honneur de ces pompeuses dénominations à leurs inventeurs qui sont beaucoup plus préoccupés de faire impression que de servir le seul but qui, à mon sens, ait une valeur pour notre art : la recherche du beau et du vrai.
© Alexandre Alekhine - champion du monde de 1927 à 1946

lundi 1 février 2010

mémoire intime


© Willy Ronis - 1952
Ce jour-là était un jour de plus. Je me l'étais offert en Parisien qui ne voyait pas souvent le Midi et qui voulait profiter encore un peu de la région. La veille, j'avais terminé mon travail de photo industrielles pour la raffinerie Total qui était installé sur l'étang de Berre. J'étais allé photographier ces lieux, de jour et de nuit. Je me souviens particulièrement de certaines lumières de nuit, qui devenaient alors très romantiques, avec tous ces bruits et ces chuintements venant des machines. C'était donc le matin de cette journée "cadeau", et je faisais tranquillement le tour de l'étang. Mais dans un coin, en tournant la tête, j'ai remarqué cette femme en méditation, devant l'eau qui clapotait et cette maison en parpaing. Elle paraissait si perdue que je me sentais presque gêné d'avoir envie de faire une photo. Mais elle était de profil, je crois qu'elle ne me voyait pas. Quelque chose en elle m'a rappelé soudain la Grèce, ou une espèce de Fatum qui était là, invisible, autour d'elle, et elle l'acceptait, échangeant peut-être avec cette présence quelques mots silencieux. J'étais très ému. Il y a parfois des moments qui sont si forts que j'ai peur de les tuer en faisant une photo. C'est alors que je doute, je me dis que je suis peut-être tout seul à m'inventer des histoires et je ne suis pas sûr de pouvoir communiquer toutes mes associations : il faut alors que je sois très prudent, que je garde une certaine distance. Quand l'image sera tirée sur le papier, est-ce que cette magie que j'ai ressentie sera encore vivante, palpable? Je sais que parfois il reste très peu de chose, alors je garde la photo pour moi, comme une mémoire intime qui ne regarde pas les autres.
© Willy Ronis - Ce jour-là